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Communiqué de presse

Découverte du plus vaste proto-superamas de galaxies

Grâce au Very Large Telescope de l’ESO, les astronomes ont découvert un géant cosmique dissimulé dans l’Univers jeune

17 octobre 2018

Grâce à l’instrument VIMOS installé sur le Very Large Telescope de l’ESO, une équipe internationale d’astronomes a découvert une structure colossale au sein de l’Univers jeune. Ce proto-superamas de galaxies – qu’ils ont baptisé Hyperion – a été mis au jour grâce à de nouvelles mesures et à l’étude approfondie de données d’archives. Il s’agit de la structure la plus étendue et la plus massive découverte à ce jour à si grande distance et datant d’une époque si reculée – seulement 2 milliards d’années après le Big Bang.

Une équipe d’astronomes emmenée par Olga Cucciati de l’Institut National d’Astrophysique (INAF) de Bologne, a utilisé l’instrument VIMOS qui équipe le Very Large Telescope (VLT) de l’ESO pour identifier un gigantesque proto-superamas de galaxies en cours de formation dans l’Univers jeune, quelque 2,3 milliards d’années après le Big Bang. Cette structure, que les chercheurs ont baptisée Hyperion, est la plus vaste et la plus massive découverte à ce jour dans l’Univers primitif [1]. L’énorme masse du proto-superamas est estimée à plus d’un million de milliards de fois la masse du Soleil. Cette masse colossale est semblable à celle des structures les plus étendues de l’Univers contemporain. L’existence d’un objet si massif dans l’Univers jeune a toutefois surpris les astronomes.   

“C’est la toute première fois qu’une structure aussi étendue est identifiée à une époque seulement 2 milliards d’années après le Big Bang”, déclare le premier auteur de l’article, Olga Cucciati [2]. “Normalement, ce type de structure se rencontre à des redshifts moindres, correspondant à des stades plus avancés dans la formation de l’Univers. Ce fut une réelle surprise de constater l’existence d’une structure aussi évoluée au sein d’un Univers relativement jeune !”

Situé dans le champ COSMOS de la constellation du Sextant, Hypérion fut découvert grâce à l’analyse d’une vaste quantité de données acquises lors du Sondage Ultra-Profond VIMOS (VUDS) conduit par Olivier Le Fèvre du Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (LAM – Aix-Marseille Université, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), et Centre National d’Etudes Spatiales (CNES)). Le Sondage VUDS a permis de réaliser une cartographie 3D inédite de la distribution spatiale de plus de 10 000 galaxies de l’Univers distant.

L’équipe a découvert qu’Hyperion est doté d’une structure complexe, composée d’au moins 7 régions de densité élevée liées entre elles par des filaments de galaxies. Ses dimensions sont comparables à celles de superamas dans l’univers proche, mais sa structure est très différente.

“Les superamas situés à plus grande proximité de la Terre sont caractérisés par une distribution de masse plus concentrée et une architecture davantage structurée” explique Brian Lemaux, astronome à l’Université de Californie, Davis et LAM, et membre de l’équipe à l’origine de la découverte. “A titre comparatif, Hyperion est doté d’une distribution de masse plus uniformément répartie avec une série de régions sur-denses connectées entre elles et peuplées de galaxies éparses.   

Cette différence d’aspect résulte sans doute des effets prolongés de la gravité : contrairement à Hyperion, les superamas observés dans l’univers proche, à plus de 13 milliards d’années après le Big Bang, ont disposé de plusieurs milliards d’années supplémentaires pour condenser leur matière en des régions de densité plus élevée.  

Les dimensions qu’arbore Hyperion dans un Univers si jeune laissent présager qu’il évoluera en une structure semblable aux superamas qui composent l’Univers local, tels le Grand Mur du Sloan ou le Superamas de la Vierge – hôte de notre galaxie, la Voie Lactée. “Comprendre Hyperion et le comparer à de structures semblables récentes offre un aperçu de l’évolution des structures les plus massives de l’univers  depuis un lointain passé, ainsi que l’opportunité de tester les modèles de formation des superamas” conclut Olga Cucciati. “La découverte de ce géant cosmique dévoile le passé de ces vastes structures”.

Notes

[1] Le surnom d’Hypérion a été emprunté à la mythologie grecque : les dimensions et la masse particulièrement élevées de ce proto-superamas font écho à ce géant mythique. Par le passé, un proto-amas découvert au sein d’Hypérion avait été baptisé Colossus. Similairement, les autres régions de densité élevée d’Hypérion ont été dotées de surnoms empruntés à la mythologie grecque, tels Theia, Eos, Selene et Helios, ce dernier faisant l’objet d’une représentation dans l’ancienne statue du Colosse de Rhodes.

La masse colossale d’Hypérion, qui équivaut à un million de milliards de fois celle du Soleil, est de 1015 masses solaires en notation scientifique.

[2] La lumière en provenance de galaxies extrêmement lointaines met énormément de temps à parvenir jusqu’à la Terre. Son analyse nous offre donc une fenêtre sur le passé – sur l’Univers jeune, en l’occurrence. Au cours de ce voyage, la longueur d’onde de cette lumière a été décalée par l’expansion de l’Univers – cet effet a été baptisé redshift ou décalage vers le rouge cosmologique. Les objets les plus distants et les plus âgés sont caractérisés par des redshifts plus importants, ce qui permet aux astronomes d’utiliser indifféremment les concepts d’âge ou de redshift. Le redshift d’Hypérion est de 2,45 : les astronomes observent donc le proto-superamas tel qu’il était 2,3 milliards d’années après le Big Bang.

Plus d'informations

Ce travail de recherche a fait l’objet d’un article intitulé “The progeny of a Cosmic Titan: a massive multi-component proto-supercluster in formation at z=2.45 in VUDS”, paru au sein de la revue Astronomy & Astrophysics.

L’équipe à l’origine de cette découverte est composée de O. Cucciati (INAF-OAS Bologna), B. C. Lemaux (Université de Californie, Davis et LAM - Aix Marseille Université, CNRS, CNES), G. Zamorani (INAF-OAS Bologna), O. Le Fèvre (LAM - Aix Marseille Université, CNRS, CNES), L. A. M. Tasca (LAM - Aix Marseille Université, CNRS, CNES), N. P. Hathi (Institut des Sciences des Télescopes Spatiaux, Baltimore), K-G. Lee (Kavli IPMU (WPI), Université de Tokyo & Laboratoire National Lawrence Berkeley), S. Bardelli (INAF-OAS Bologna), P. Cassata (Université de Padoue), B. Garilli (INAF–IASF Milano), V. Le Brun (LAM - Aix Marseille Université, CNRS, CNES), D. Maccagni (INAF–IASF Milano), L. Pentericci (INAF– Observatoire Astronomique de Rome), R. Thomas (Observatoire Européen Austral, Vitacura), E. Vanzella (INAF-OAS Bologna), E. Zucca (INAF-OAS Bologna), L. M. Lubin (Université de Californie, Davis), R. Amorin (Institut de Cosmologie Kavli & Laboratoire Cavendish, Université de Cambridge), L. P. Cassarà (INAF–IASF Milano), A. Cimatti (Université de Bologne & INAF-OAS Bologne), M. Talia (Université de Bologne), D. Vergani (INAF-OAS Bologne), A. Koekemoer (Space Telescope Science Institute, Baltimore), J. Pforr (ESA ESTEC), et M. Salvato (Max-Planck-Institut für Extraterrestrische Physik, Garching bei München)

L'ESO est la première organisation intergouvernementale pour l'astronomie en Europe et l'observatoire astronomique le plus productif au monde. L'ESO est soutenu par 15 pays : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. L'ESO conduit d'ambitieux programmes pour la conception, la construction et la gestion de puissants équipements pour l'astronomie au sol qui permettent aux astronomes de faire d'importantes découvertes scientifiques. L'ESO joue également un rôle de leader dans la promotion et l'organisation de la coopération dans le domaine de la recherche en astronomie. L'ESO gère trois sites d'observation uniques, de classe internationale, au Chili : La Silla, Paranal et Chajnantor. À Paranal, l'ESO exploite le VLT « Very Large Telescope », l'observatoire astronomique observant dans le visible le plus avancé au monde et deux télescopes dédiés aux grands sondages. VISTA fonctionne dans l'infrarouge. C'est le plus grand télescope pour les grands sondages. Et, le VLT Survey Telescope (VST) est le plus grand télescope conçu exclusivement pour sonder le ciel dans la lumière visible. L'ESO est le partenaire européen d'ALMA, un télescope astronomique révolutionnaire. ALMA est le plus grand projet astronomique en cours de réalisation. L'ESO est actuellement en train de programmer la réalisation d'un télescope géant (ELT pour Extremely Large Telescope) de la classe des 39 mètres qui observera dans le visible et le proche infrarouge. L'ELT sera « l'œil le plus grand au monde tourné vers le ciel ».

Liens

Contacts

Olga Cucciati
INAF Fellow – Osservatorio di Astrofisica e Scienza dello Spazio di Bologna
Bologna, Italy
Courriel: olga.cucciati@inaf.it

Calum Turner
ESO Public Information Officer
Garching bei München, Germany
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Courriel: pio@eso.org

Thierry Botti (contact presse pour la France)
Réseau de diffusion scientifique de l'ESO et Laboratoire d'Astrophysique de Marseille
Marseille, France
Tél: +33 4 95 04 41 06
Courriel: eson-france@eso.org

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Ce texte est une traduction du communiqué de presse de l'ESO eso1833.

A propos du communiqué de presse

Communiqué de presse N°:eso1833fr
Nom:Hyperion
Type:Early Universe : Galaxy : Grouping : Supercluster
Facility:Very Large Telescope
Instruments:VIMOS
Science data:2018A&A...619A..49C

Images

Le proto-superamas Hypérion
Le proto-superamas Hypérion
Comparaison entre le proto-superamas Hypérion et un amas de galaxies massif standard
Comparaison entre le proto-superamas Hypérion et un amas de galaxies massif standard
Image grand champ du champ COSMOS
Image grand champ du champ COSMOS

Vidéos

ESOcast 179 Light : Découverte du plus vaste proto-superamas de galaxies (4K UHD)
ESOcast 179 Light : Découverte du plus vaste proto-superamas de galaxies (4K UHD)
Le proto-superamas Hypérion
Le proto-superamas Hypérion