Communiqué de presse
Première détection de lithium dans les restes d'une nova
29 juillet 2015
Pour la première fois, des traces de l'élément chimique lithium ont été découvertes dans les matériaux éjectés par une nova. Des observations de la nova Centauri 2013 effectuées au moyen de télescopes de l'ESO installés à l'Observatoire de La Silla ainsi qu'à proximité de Santiago au Chili, permettent de mieux comprendre la raison pour laquelle de nombreuses jeunes étoiles semblent contenir une plus grande proportion de cet élément chimique que prévu. Cette nouvelle découverte vient compléter le puzzle de l'évolution chimique de notre galaxie, et constitue une réelle avancée pour les astronomes impliqués dans l'étude de la composition chimique des étoiles de la Voie Lactée.
Le lithium est un élément chimique léger dont la création, au même titre que celle d'autres éléments, remonterait au Big Bang, soit à 13,8 milliards d'années. Pour autant, la compréhension des quantités de lithium détectées au sein des étoiles de l'Univers contemporain s'est avérée constituer un véritable casse-tête pour les astronomes. Les étoiles plus âgées renferment moins de lithium que prévu en effet [1], tandis que quelques autres, plus jeunes, peuvent en contenir dix fois plus [2].
Dans les années 1970, les astronomes ont envisagé la possibilité que la surabondance de lithium observée dans les jeunes étoiles résulte de novae – soit de l'explosion d'étoiles qui expulsent de la matière dans l'espace interstellaire, et contribuent par là-même à la création d'une nouvelle génération d'étoiles. Mais aucune étude poussée de plusieurs novae n'a jusqu'à présent permis de confirmer ou infirmer cette hypothèse.
Une équipe menée par Luca Izzo (Université La Sapienza de Rome et ICRANet, Pescara, Italie) a utilisé l'instrument FEROS qui équipe le télescope MPG/ESO de 2,2 mètres à l'Observatoire de La Silla de l'ESO, ainsi que le spectrographe PUCHEROS installé sur le télescope de 0,5 mètre de l'ESO à l'Observatoire de l'Université Catholique Pontificale du Chili à Santa Marina près de Santiago, dans le but d'étudier la nova Centauri 2013 (V1369 Centauri). Cette étoile, située non loin de la très brillante Beta Centauri dans le ciel austral, a explosé en décembre 2013. Elle est à ce jour la nova la plus brillante de ce siècle et est facilement observable à l'œil nu [3].
Très détaillées, les données nouvellement acquises ont révélé la signature claire de lithium expulsé de la nova à quelque deux millions de kilomètres par heure [4]. Il s'agit là de la première détection à ce jour de cet élément au sein de la matière éjectée par une nova.
Massimo Della Valle (INAF-Observatoire Astronomique de Capodimonte, Naples, et ICRANet, Pescara, Italie), co-auteur de l'étude, explique toute l'importance de cette découverte : “Il s'agit d'une réelle avancée. Si nous nous figurons l'histoire de l'évolution chimique de la Voie Lactée sous l'aspect d'un puzzle, alors le lithium en provenance des novae en constituait l'une des plus importantes et des plus énigmatiques pièces manquantes. En outre, tout modèle de Big Bang est susceptible d'être remis en question tant que l'énigme du lithium n'est pas résolue.”
La masse du lithium éjecté de la Nova Centauri 2013 semble faible – elle représenterait moins d'un milliardième de la masse du Soleil. Mais le fait que plusieurs milliards d'étoiles se soient changées en novae au cours de l'histoire de la Voie Lactée, suffit à rendre compte de la présence inattendue de vastes quantités de lithium au sein de notre galaxie.
Les co-auteurs Luca Pasquini (ESO, Garching, Allemagne) et Massimo Della Valle ont recherché des preuves de l'existence de lithium au sein des novae durant plus d'un quart de siècle. Leurs efforts se trouvent enfin récompensés. Pour le jeune scientifique qu'est Luca Izzo, auteur principal de cette étude, le plaisir est tout autre : “Il est très excitant de faire la découverte d'une chose prévue bien avant ma naissance et de l'observer pour la toute première fois le jour de mon anniversaire en 2013 !”
Notes
[1] La sous-abondance de lithium dans les étoiles plus âgées constitue une énigme de longue date. Cette problématique a été abordée au sein des Communiqués de Presse suivants : eso1428, eso1235 et eso1132.
[2] Les qualificatifs “plus jeunes” et “plus âgées” s'appliquent aux étoiles que les astronomes classent, respectivement, parmi celles de Population I et de Population II. Au sein de la Population I figure le Soleil – plus généralement, les étoiles riches en éléments chimiques lourds qui constituent le disque de la Voie Lactée. Les étoiles de Population II, plus âgées, renferment moins d'éléments lourds, peuplent le bulbe et le halo de la Voie Lactée ainsi que les amas globulaires. Notons que les étoiles de la Population I, quoique “plus jeunes”, peuvent être déjà âgées de quelques milliards d'années !
[3] Ces télescopes de dimensions relativement faibles, équipés de spectrographes appropriés, constituent de puissants outils pour ce type de recherche. Ainsi donc, même à l'ère des télescopes extrêmement grands, les télescopes plus petits, dédiés à des tâches spécifiques, sont susceptibles d'offrir de précieux services.
[4] Cette vitesse élevée, de la nova vers la Terre, se traduit par un décalage significatif, vers l'extrémité bleue du spectre, de la raie en absorption témoignant de la présence de lithium.
Plus d'informations
Ce travail de recherche a fait l'objet d'un article intitulé “Early optical spectra of Nova V1369 Cen show presence of lithium”, par L. Izzo et al., et publié dans l'édition en ligne de la revue Astrophysical Journal Letters.
L'équipe est composée de Luca Izzo (Université La Sapienza de Rome et ICRANet, Pescara, Italie), Massimo Della Valle (INAF–Observatoire Astronomique de Capodimonte, Naples; ICRANet, Pescara, Italie), Elena Mason (INAF–Observatoire Astronomique de Trieste, Trieste, Italie), Francesca Matteucci (Université de Trieste, Trieste, Italie), Donatella Romano (INAF–Observatoire Astronomique de Bologne, Bologne, Italie), Luca Pasquini (ESO, Garching près de Munich, Allemagne), Leonardo Vanzi (Département d'Ingénierie Electrique et Centre d'Astro-Ingénierie, PUC-Chile, Santiago, Chili), Andres Jordan (Institut d'Astrophysique et Centre d'Astro-Ingénierie, PUC-Chile, Santiago, Chili), José Miguel Fernandez (Institut d'Astrophysique, PUC-Chile, Santiago, Chili), Paz Bluhm (Institut d'Astrophysique, PUC-Chile, Santiago, Chili), Rafael Brahm (Institut d'Astrophysique, PUC-Chile, Santiago, Chili), Nestor Espinoza (Institut d'Astrophysique, PUC-Chile, Santiago, Chili) et Robert Williams (STScI, Baltimore, Maryland, Etats-Unis).
L'ESO est la première organisation intergouvernementale pour l'astronomie en Europe et l'observatoire astronomique le plus productif au monde. L'ESO est soutenu par 15 pays : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Brésil, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. L'ESO conduit d'ambitieux programmes pour la conception, la construction et la gestion de puissants équipements pour l'astronomie au sol qui permettent aux astronomes de faire d'importantes découvertes scientifiques. L'ESO joue également un rôle de leader dans la promotion et l'organisation de la coopération dans le domaine de la recherche en astronomie. L'ESO gère trois sites d'observation uniques, de classe internationale, au Chili : La Silla, Paranal et Chajnantor. À Paranal, l'ESO exploite le VLT « Very Large Telescope », l'observatoire astronomique observant dans le visible le plus avancé au monde et deux télescopes dédiés aux grands sondages. VISTA fonctionne dans l'infrarouge. C'est le plus grand télescope pour les grands sondages. Et, le VLT Survey Telescope (VST) est le plus grand télescope conçu exclusivement pour sonder le ciel dans la lumière visible. L'ESO est le partenaire européen d'ALMA, un télescope astronomique révolutionnaire. ALMA est le plus grand projet astronomique en cours de réalisation. L'ESO est actuellement en train de programmer la réalisation d'un télescope européen géant (E-ELT pour European Extremely Large Telescope) de la classe des 39 mètres qui observera dans le visible et le proche infrarouge. L'E-ELT sera « l'œil le plus grand au monde tourné vers le ciel ».
Liens
Contacts
Luca Izzo
Sapienza University of Rome/ICRANet
Pescara, Italy
Courriel: luca.izzo@gmail.com
Massimo Della Valle
INAF–Osservatorio Astronomico di Capodimonte
Naples, Italy
Courriel: dellavalle@na.astro.it
Luca Pasquini
ESO
Garching bei München, Germany
Tél: +49 89 3200 6792
Courriel: lpasquin@eso.org
Richard Hook
ESO Public Information Officer
Garching bei München, Germany
Tél: +49 89 3200 6655
Mobile: +49 151 1537 3591
Courriel: rhook@eso.org
Thierry Botti (contact presse pour la France)
Réseau de diffusion scientifique de l'ESO
et Laboratoire d'Astrophysique de Marseille
Marseille, France
Tél: +33 4 95 04 41 06
Courriel: eson-france@eso.org
A propos du communiqué de presse
Communiqué de presse N°: | eso1531fr |
Nom: | Nova Centauri 2013 |
Type: | Milky Way : Star : Type : Variable : Nova |
Facility: | MPG/ESO 2.2-metre telescope |
Instruments: | EFOSC2 |
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